Cette fois-ci, il n’y aura pas de débat. Avec Street Fighter 6, Capcom est parvenu à réunir les deux publics sous une même bannière : les experts de la discipline comme les profanes. Chacun y trouvera son compte, le jeu étant suffisamment profond pour les spécialistes du Versus Fighting et intelligemment accessible pour les newbies qui débutent. Alors certes, par défaut, les commandes modernes (donc simplifiées) sont activées, mais il est bien sûr possible de changer tout cela dans les options et ressentir toute la quintessence du système de jeu de ce Street 6. Moins de zoning, plus d’agressivité, ce nouvel épisode a aussi dynamisé son gameplay pour s’adapter à tous les profils de joueurs. Toutes les subtilités se basent d’ailleurs sur le Drive et ses ramifications, qui permettent d’être à l’affût de toutes les possibilités. Drive Impact, Drive Parry, Overdrive, Capcom a bien l’intention de renouer avec l’excellence de Street IV et redevenir le porte-étendard de l’eSport en termes de baston virtuelle. Et si jamais la compétition ne vous importe guère, il y a ce qu’il faut en matière de contenu (World Tour, Battle Hub, Combat Extrême) pour vous contenter, en attendant l’arrivée d’autres personnages et de modes supplémentaires.
Les erreurs du passé, un avenir prometteur
Capcom a appris de ses erreurs passées. Notamment celles qui ont été faites avec Street Fighter 5, un épisode qui a divisé la communauté du Versus Fighting, trop habituée à ce que Street IV avait apporté en son temps. Mais c’est surtout le contenu famélique au lancement qui a eu raison de sa popularité, même si Capcom a tenté d’inverser les choses au fil des mois puis des années après. Surtout qu’en face, chez la concurrence, Mortal Kombat 11, KOF XIV pour ne citer que ceux-là, on a joué avec la générosité et l’opulence dès le départ. Mais avec Street Fighter 6, l’éditeur japonais sait qu’il doit être exemplaire sur tous les niveaux, contenu comme gameplay.
Première chose pour rester au top : prouver l’impact du système de Drive, la grosse nouveauté de cet opus. Contrairement aux précédents Street Fighter où il fallait attendre d’avoir assez de jus avant de tenter quoi que ce soit, la jauge de Drive est pleine d’entrées de jeu.
Et ça change tout, puisque désormais, il s’agit de gérer cette barre qui, en plus, revient à son niveau initial entre chaque round. Les fans de The King of Fighters, qui reprochent souvent à la série de Capcom son manque d’audace et de punch, pourront très bien adopter une stratégie agressive s’ils le souhaitent, sachant qu’une fois vide, la jauge de Drive met quelques secondes pour se remplir. Durant ce laps de temps, notre personnage affiche une sorte de teint grisâtre, se déplace plus lentement, est à bout de souffle, et donc vulnérable. Heureusement, la barre de Drive ne fait pas que décroître : elle se régénère au fil du round, et chaque attaque qui fait mouche la rétablit également. Avec ce système de Drive, Capcom a repris les principales mécaniques qui ont fonctionné dans les Street Fighter précédents.
Les trois visages de SF6
Street Fighter 6 est fractionné en trois sections distinctes : World Tour, Battle Hub et Fighting Ground. Avant d’entrer dans la compétition et d’énoncer toutes les possibilités des modes online et versus, on va se concentrer sur l’un des gros morceaux de cet épisode : son aventure en solo. Pour la toute première fois, la série ne se limite pas à une histoire émaillée de combats qu’on enchaîne les uns après les autres, mais prône l’ouverture avec un véritable monde semi-ouvert. Après une rapide présentation en compagnie d’un maître en arts martiaux (qui n’est autre que Luke, le dernier personnage à être apparu sous forme d’extension payante dans Street Fighter V : Champion Edition), le joueur est amené à créer le personnage qui va l’accompagner pendant de longues heures. Quelques modèles préinstallés sont disponibles, mais c’est en fouillant dans les options de l’éditeur de création que l’on se rend compte de ses possibilités infinies. Tête, corps, chevelure, bouche, sourcil, profil, signes distinctifs, accessoires… la liberté de conception est hallucinante ! Que l’on veuille un protagoniste humain ou un être hybride, il y a vraiment de quoi s’amuser ! Autant dire que certains vont s’éclater pour façonner un avatar décalé et original ! Avec ce mode solo basé sur la gestion de ses ressources (ce qui laisse la place à l’offensive), Street Fighter 6 ouvre la porte à tous les débutants qui veulent s’exercer en apprenant et en participant à une aventure bien plus variée qu’un simple mode carrière ou histoire. Métro City n’est pas la seule zone à visiter et il y a plein de petits clins d’œil à des jeux bien connus de l’éditeur, comme Final Fight. Pour l’avenir de la série, ce mode est vraiment à creuser car il apporte une fraicheur indéniable. En plus, c’est plutôt joli, coloré et il y a même un mode jour/nuit pour dynamiser un peu l’aventure.
À partir du menu principal, les joueurs peuvent également accéder au Battle Hub et au Fighting Ground. Le premier prend la forme d’une grande salle d’arcade où peuvent se réunir et interagir les combattants connectés du monde entier. Cette idée est absolument géniale dans le sens où on peut se lancer dans un combat (de différentes natures : classé, amical, combats extrêmes), assister à un affrontement en tant que spectateur ou même se rendre au Game Center pour jouer (en local ou en ligne) à de grands classiques de l’arcade comme Street Fighter II, Final Fight et même Super Puzzle Fighter II Turbo ! L’émulation est impeccable et il est indéniable que beaucoup de joueurs aimeront se réunir dans cette petite zone entre deux combats.
La dernière section, et non des moindres, est le Fighting Ground. En gros, c’est un peu le mode que l’on voit dans tous les jeux de combat. Il réunit le mode Arcade, le mode Entraînement, les matchs en ligne, le Versus (combats en local), les combats en équipe et une myriade d’autres options visant à personnaliser les affrontements. Le mode Arcade permet ainsi d’affronter l’ordinateur dans une série de matchs tout en prenant connaissance de l’histoire de chaque combattant. C’est un peu le mode à l’ancienne, celui qui enchaîne les affrontements jusqu’à la bataille finale. Ce mode a son importance car il permet de débloquer les illustrations de la Galerie. Les combats extrêmes sont une variante des joutes habituelles, mais intègrent des obstacles avec des règles et des éléments originaux (comme un taureau en furie qui foncent sur les participants !). Bref, vous l’aurez compris, en prenant bout à bout les sections de Street Fighter 6, vous en avez pour des dizaines et des dizaines d’heures pour tout voir et tout débloquer.
Mais pour maîtriser le jeu, on ne saura que trop vous conseiller de passer par la case tutoriels. Pour cet épisode, Capcom a fait très très forts ! Didactiques et parfaitement exécutés, les tutoriels de Street Fighter 6 sont remarquables ! Les joueurs peuvent ainsi apprendre à leur rythme tout en s’amusant. L’apprentissage se déroule de la manière suivante : trois niveaux de difficulté (Débutant, Initié et Expert) sont proposés et les leçons se déroulent sous la forme de textes explicatifs très bien écrits et motivants. Cette démarche s’inscrit dans la politique d’ouverture de la franchise et on ne peut qu’applaudir cet effort. Grâce à cet apprentissage, chaque joueur peut optimiser la maîtrise de son personnage préféré ou apprendre à contrôler tout un panel de combattants. Un vrai régal !
Un roster de qualité et diversifié
Pour le grand retour de sa licence, Capcom a décidé de manier le neuf avec le vieux en intégrant huit personnages historiques, quatre personnages appréciés par les joueurs et six petits nouveaux. Au total, Street Fighter 6 débarque avec 18 combattants, ce qui est honorable sans être renversant. On retrouve Ryu, Ken, Chun-Li, Guile, Zangief, E. Honda, Blanka, Dhalsim, Cammy, Juri, Dee Jay, Luke, Lily, Jamie, Kimberly, Manon, Marisa et JP. Chaque participant a un style qui lui est propre et il faudra de nombreuses heures pour les maîtriser. Le look étant très subjectif, il conviendra à chaque joueur de se faire sa propre opinion sur l’intérêt vestimentaire de ces personnages. En revanche, on ne peut qu’applaudir la diversité affolante de ce nouveau casting. Entre l’allonge artificielle de Lily, la puissance de Marisa, la distanciation de JP ou les médailles de Manon, chaque joueur devrait succomber aux atouts offensifs comme défensifs de ces protagonistes inédits. En sachant que Rashid (été 2023), A.K.I (automne 2023), Ed (hiver 2024) et Akuma (printemps 2024) seront de la partie dans les prochains mois, on peut dire que Street Fighter 6 a peut-être le roster le plus équilibré depuis bien longtemps.
Le drive omniprésent
La jauge DRIVE offre l’accès à plusieurs attaques spectaculaires. Le Drive Impact est un coup surpuissant capable d’absorber une attaque adverse. Si l’opposant est dans un coin à se protéger, déclencher cette attaque le projettera contre le mur. Le Drive Parry, quant à lui, est à utiliser lors d’une phase défensive. Cette technique repousse l’attaque adverse, ce qui permet de contre-attaquer immédiatement. Il existe une variante, le Perfect Parry, qui symbolise la mise en protection à l’instant même où l’opposant attaque. Pour cela, le timing doit être impeccable. Dans le registre des coups spéciaux, on retrouve l’Overdrive qui s’apparente aux attaques spéciales (EX) des précédents épisodes (un coup spécial plus puissant) ou encore le Drive Rush qui permet de surprendre le combattant adverse grâce à un déplacement soudain. Pour terminer, le Drive Reversal est un peu la solution ultime pour se défaire d’un adversaire qui s’acharne sur vous. Il s’agit d’une contre-attaque peu puissante, mais sacrément utile pour reprendre la distance vis-à-vis de son rival.
Un bilan positif et enthousiasmant
Quand on voit à quel point Capcom charge Street Fighter 6 de contenu dès son lancement, on sait que l’éditeur japonais a appris des déboires de Street 5, contenu assez pauvre à son lancement et qui n’a malheureusement pas su attirer un public autre que les initiés habituels. L’objectif désormais est d’attirer tous les publics, même les plus jeunes qui ne sont pas habitués au Versus Fighting, et cette phase de séduction passe par certaines concessions. Des commandes simplifiées qu’on peut changer dans les options pour les experts du dragon punch, un mode World Tour scénarisé pour faire autre chose que de la baston, une ambiance style rap pour attirer les fans du genre et d’autres modes pour s’amuser, ce Street Fighter 6 a toutes les cartes en main pour plaire à tout un chacun. Mais que les habitués de la saga se rassurent, il y a également à croquer pour eux, à commencer par un roster nostalgique et des possibilités de jeu qui s’annoncent monstrueux.