Annoncé pour la première fois en 2020, Final Fantasy XVI est un épisode attendu au tournant. Après le lancement compliqué de Final Fantasy XV, ce nouvel opus poursuit le virage action entamé par son prédécesseur en allant encore plus loin. Dans le même temps, il propose une forme de retour aux sources avec un univers médiéval, mais dans une ambiance plus sombre et mature. Malgré cette nouvelle orientation très action, le jeu n’oublie pas non plus d’où il vient, et propose de vrais moments de répit, d’exploration, de progression et d’intérêt pour ses personnages. Le scénario, bien qu’il soit classique, fait partie intégrante du jeu, même si on ne sait pas encore si Clive Rosfield parviendra à s’imposer comme une figure marquante de la série.
Une histoire matures fait de complots, de trahisons, sacrifices et rebondissements
L’histoire de Final Fantasy XVI se déroule dans le monde médiéval de Valisthéa en proie au Fléau noir, un mal qui vide la terre de son essence magique et la rend donc invivable. Voyant leurs ressources diminuées, les différentes nations du continent se livrent une guerre pour survivre. La plupart d’entre elles dispose d’un Crystal Mère qui est une gigantesque formation crystalline dont on extrait des fragments pour faire de la magie, mais aussi d’un Émissaire qui est un personnage qui possède le pouvoir d’un Primordial (nom donné aux invocations de cet épisode) et qui est capable de se transformer en l’une de ces créatures. Le récit se base d’ailleurs sur la guerre que se livrent les Primordiaux entre eux, sachant que chacun représente un des quatre éléments que sont le feu, l’eau, le vent et la terre. Dans ce contexte, on suit les aventures de Clive Rosfield, fils de l’Archiduc de Rosaria et Gardien du Phénix, à savoir le Primordial de la nation dont l’Émissaire n’est autre que Joshua, son propre petit frère. Alors que le pays s’apprête à partir en guerre pour reconquérir ses terres, l’armée de Rosaria est massacrée suite à une attaque surprise, tuant l’Archiduc et Joshua, laissant Clive comme seul survivant. Désormais réduit à l’état d’esclave au service de l’Empire, il jure de prendre sa revanche sur le mystérieux homme à capuche et le second Primordial du feu qui ont tué son petit frère.
Une séparation nette avec le J-RPG
Le système de combat de Final Fantasy XVI va chercher bien d’autres influences, Kingdom Hearts en tête. Là encore, ce n’est pas une surprise étant donné que la team Kingdom Hearts a participé au développement, mais manette en mains, on ressent fortement cette patte. Clive est certes moins flottant qu’un Sora, mais le fait de pouvoir déclencher des capacités via des raccourcis tout en orientant les combats sur le système d’esquive ou la garde rappelle forcément l’autre licence phare de Square Enix. Et pour le meilleur, car cette somme d’influences permet au jeu d’accoucher de l’un des systèmes de combat les plus grisants de ces dernières années dans le genre. Seule la fonction de parade semble approximative dans cette mécanique si bien huilée.
Un gameplay bien nerveux
Il tire principalement sa force du mécanisme de Déstabilisation, une jauge de Rupture attribuée à chaque ennemi coriace qui l’empêche de tituber à chaque coup porté. Lorsque la jauge est brisée, l’ennemi tombe à terre et il faut alors enchaîner des attaques différentes pour faire grimper le multiplicateur de dégâts et infliger le plus de dommages à l’adversaire. Notons que cette jauge est en réalité divisée en deux, puisqu’à la moitié de celle-ci, l’ennemi flanchera quelques secondes, vous laissant interrompre une attaque ou vous donnant un peu plus de temps pour respirer. Les fans de Final Fantasy XIII et XV ne seront sans doute pas étrangers à tout ce système.
Manette en main, on dispose d’un bouton pour donner des coups d’épée et faire un combo de base, d’une touche pour lancer de petits sorts à distance, ainsi que d’un saut et d’une esquive. En évitant un coup au bon moment, un contre peut être déclenché avec une animation particulièrement stylée. Grâce à l’arbre de compétences, de nouvelles capacités peuvent être débloquées comme le fait de charger un coup ou de permettre à Clive de s’élancer vers un ennemi, lame en avant. Pour couronner le tout, Clive est souvent accompagné par son chien Torgal à qui on peut donner des ordres pour poursuivre un combo, lancer un ennemi en l’air ou encore se soigner. Si Final Fantasy XVI dispose d’un gameplay de base simple mais efficace, surtout grâce aux animations très stylées de Clive, c’est avec les pouvoirs des Primordiaux qu’il devient tout simplement jouissif.
S’il faut un léger temps d’adaptation avant d’assimiler toutes les touches et les différentes possibilités de gameplay, très vite, on se rend compte que tout est fait pour rendre les affrontements épiques et spectaculaires. Le gameplay est vif, Clive bouge dans tous les sens, tandis que ses attaques sont renforcées par des effets pyrotechniques du plus bel effet. En revanche, on accroche nettement moins aux infos contextuelles, comme les points d’énergie et les jauges vitales qui s’affichent et ont tendance à surcharger l’écran et rendre l’action souvent illisible. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus fâcheux de ce FF XVI qui a tendance à vouloir trop en faire pour essayer de nous en mettre plein la vue.
Entre linéarité et ouverture
On ne pourra donc que vous conseiller de vous intéresser, d’autant plus qu’il s’agit là de la seule excuse valable pour explorer les différents décors du jeu. Final Fantasy XVI ne dispose pas d’un monde ouvert, mais d’une structure bâtarde, qui oscille entre des niveaux en couloirs complètement fermés et quatre grandes zones semi-ouvertes qui nous laissent un peu plus respirer. Explorer les zones semi-ouvertes à la recherche de coffres n’est pas des plus utiles, si ce n’est pour profiter du paysage, qui est parfois un peu terne.
Même si le jeu alterne entre donjons et niveaux plus ouverts, l’expérience est globalement assez linéaire et dirigiste. On se contente souvent d’avancer d’arènes en arène jusqu’à un boss, ou d’un village à l’autre pour y faire de simples tâches qui débloquent le prochain donjon. Ce sentiment de répétitivité est d’autant plus présent que l’exploration est rarement récompensée, qu’importe le type de niveaux choisis. Dévié du chemin principal permet uniquement de récupérer des objets souvent dispensables, que ce soit des potions ou des matériaux d’artisanat.
On peut noter que le titre propose en plus un tableau de chasse pour affronter de puissantes créatures, un peu comme dans Final Fantasy XII. De quoi prolonger la durée de vie d’une petite dizaine d’heures supplémentaires. Et pour ceux qui en redemandent, on vous rappelle que le titre propose un New Game+ avec une difficulté plus élevée, des ennemis beaucoup plus résistants et la possibilité de forger des armes inédites. Une bonne occasion pour tester ses compétences débloquées en fin de jeu dont on a pas pu profiter. Plus qu’à travers son contenu, Final Fantasy XVI est pensé pour être rejoué pour tenir les joueurs en haleine, à travers des challenges comme des modes de difficultés plus élevés ou des défis.
Une véritable expérience next-gen, non sans lacunes
Final Fantasy XVI sait offrir des plans mémorables avec des paysages qui sont parfois à couper le souffle, nous donnant envie de nous amuser avec le mode Photo mais on pourra également trouver que la direction artistique soit parfois un peu trop lisse, notamment dans un royaume en particulier qui ne transpire pas vraiment la fantaisie et des décors qui manquent de couleurs ou de contraste.
Sortir uniquement sur la dernière génération était également un choix judicieux puisque cela permet d’effacer tout temps de chargement. Voyager d’une zone à l’autre via la mappemonde ne prend que quelques secondes. Même le lancement du jeu se fait en un éclair. Il existe malgré tout des zones d’ombres, avec quelques éléments au fond des décors qui sont plus grossiers que d’autres, ou des animations faciales d’une autre époque lors des dialogues moins importants. La question du framerate vient aussi ternir le tableau, puisque le mode Performances à des difficultés à maintenir les 60 images par secondes promises. Heureusement, ce dernier ne vacille pas vraiment lors des combats, où il fait en sorte d’assurer un résultat stable, mais on préférera finalement jouer en mode Qualité pour avoir quelque chose de plus constant. Dans ce mode, il nous est arrivé de constater quelques chutes, comme lors du premier combat de Primordial ou dans une zone ouverte particulière, mais on a vu pire ces derniers mois.
Un renouveau positif pour le dernier né de la série FF
Final Fantasy XVI est un titre à la proposition fascinante, malheureusement freinée par certains aspects. En allant encore plus loin dans l’action que son prédécesseur, le jeu livre des combats spectaculaires et riches en possibilités grâce aux pouvoirs des Primordiaux. Ces affrontements ont d’autant plus d’impact qu’ils prennent place au sein d’une histoire passionnante et d’un univers mature et crédible. C’est aussi sur le plan graphique que FFXVI en met plein les yeux à travers ses affrontements de Primordiaux et ses environnements, malgré un framerate fluctuant en mode performance. Malheureusement, tout cela est quelque peu gâché par des niveaux linéaires, une exploration limitée ainsi qu’une mise en scène sommaire qui créent un décalage avec la modernité du reste de l’expérience. Malgré ces éléments datés, la saga Final Fantasy prouve avec cet épisode et FFVII Remake qu’elle est toujours capable d’émerveiller, plus de 35 ans après ses débuts.